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 L'autre enjeu de l'affaire D Straus-Kahn

 

Est il coupable ou innocent ? cette question agite la France entière depuis qu'elle s'est réveillée incrédule dimanche matin dernier.
Bien évidemment nous le présumons innocent et aimerions croire à un complot; ce serait tellement plus simple que d'affronter la réalité.
Une gueule de bois collective qui mériterait une psychanalyse de même ampleur; 57% des français croyant à un complot selon un sondage CSA.
Un gauche sonnée dans sa posture morale.
Des réactions globalement dignes, notamment à droite, d'autres indignes: Marine Le Pen mais qui s'en étonne. Bernard Debré, d'une indigence confondante.
Mais aussi beaucoup d'émotion au nom de l'amitié et d'auto-protection d'une classe politique qui a tendance à oublier qu'il y a aussi une victime.
Un silence embarrassée sur l'impact de l'image de la France dans le monde.
Et puis le sentiment d'un immense gâchis, voire d'une auto-destruction, de celui que l'on présentait comme un brillant Ministre de l'Economie et des Finances; un patron respecté du FMI, un candidat quasi déjà investi à la future élection présidentielle, une alternance enfin crédible et espérée.
Une innocence peut-être finalement reconnue ? mais au delà de l'échéance de l'audience du Grand Jury du 20 mai prochain, l'homme recouvrerait alors son honneur mais ne pourra plus prétendre à participer aux grandes échéances.
Des images humiliantes qui tournent en boucle, mais des médias français qui les diffusent complaisament alors qu'ils ne pourraient montrer de mêmes images venant des tribunaux nationaux; les bornes de la décence ne seraient elles que légales ou territoriales ?
Un débat récurrent sur l'attitude et l'omerta de la presse française vis à vis de la vie privée des personnages publiques: et pourtant il faudra bien le trancher un jour car ses effets, comme on vient une nouvelle fois de le constater, peuvent être destructeurs tant la frontière est floue et la dissimulation complice de certaines vulnérabilités, dévastatrices.
Des questions légitimes sur les nominations à des postes de hautes responsabilités publiques, notamment internationales et particulièrement dans un univers anglo-saxon, d'un homme désormais qualifié "à risque".
Et puis ce procès fait à la justice américaine; c'est vrai que la nôtre est à ce point exemplaire et que l'épreuve de la garde à vue période pré-réforme est un jardin pavé de bonnes intentions !
Et refleurit l'éternelle confrontation franco-américaine entre ces arrogants français "coureurs de jupons" et ces "abrutis" d'américains puritains dominés par l'argent.
Finalement un drame tellement français avec des questions récurrentes auxquelles nous nous garderons bien sûr de répondre; la force de l'actualité permettant de chasser l'évènement, l'affaire Strauss-Kahn après l'arrestation de Ben Laden.
Que peut bien nous réserver le prochain week-end ?
Je ne suis pas sûr d'allumer la radio dimanche prochain au matin.


Thibault Ponroy