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 Et maintenant ?

 

Deux sommets internationaux et deux rencontres bilatérales viennent de se tenir consécutivement en l’espace de quelques jours : G 20 à Londres, soixantième anniversaire de l’Otan à Strasbourg et Baden-Baden, rencontres Etats-Unis/ Europe à Prague et Etats-Unis/ Turquie à Istambul.
La presse mondiale en a constaté plutôt les réussites.
Trois faits saillants :
-l’affirmation d’une volonté collective de renforcer la supervision et les organismes financiers mondiaux, relancer la croissance et  l’emploi et garantir une reprise plus juste et durable.
-La confirmation de l’émergence de nouveaux acteurs sur la scène internationale : Chine surtout mais aussi Inde, Arabie Saoudite,  Brésil, Turquie…
-Une renaissance du leadership américain fait de plus d’humilité mais pas de moins de volonté.
S’agissant de la déclaration finale adoptée par les états membres du G 20, le 2 avril dernier, un élément essentiel est cependant manquant : pas ou peu d’agenda !
Pourtant le risque d’enlisement dans la réalisation de ces objectifs est sérieux face à l’égoïsme des nations ou de certains intérêts privés ou catégoriels ; il n’est pas nouveau mais dans ces circonstances et eu égard à l’espérance créée, il est inadmissible.
Il est sérieux parce que la relance de l’économie passe par la confiance, laquelle est chose fragile et volatile et a besoin d’être constamment irriguée.
Il est sérieux parce que, passé l’effet d’annonce,  le délayage dans le temps obscurcit les objectifs originels et le sens de l’urgence n’est pas nécessairement le mieux partagé.
Il est sérieux parce que l’essentiel des mesures de transparence financière concerne des pays qui n’appartiennent pas au G 20 et qu’ils ne manqueront pas de se réfugier derrière leur souveraineté juridique pour en ralentir l’application.
Il est sérieux parce que les mesures de relance de soutien de croissance et d’emploi risquent de se confronter à des effets protectionnistes, notamment dans un contexte de fortes pressions sociales ; déjà on parle en France de « juste échange » sans en préciser les contours.
Il est sérieux parce que cette crise n’est pas que financière ou de régulation, elle est aussi marquée par la fin de certains business model (e.g : l’automobile, la Finance…) et qu’il ne faut pas se tromper sur la nature, la destination et le dimensionnement de ces investissements.
Il est sérieux parce que l’échelle mondiale de ces décisions (« un plan global pour un redressement à une échelle inédite à ce jour ») rend leur application encore plus compliquée et délicate.
Enfin il est sérieux car les Mafias ne semblent pas souffrir de la crise et disposent d’énormes capacités de cash pouvant être réinvesties dans l’économie durable, source pour elle de respectabilité sociale et de blanchiment.
Tout cela mérite que quelqu’un, chaque jour, pose la question : ou en êtes-vous ?

 
Thibault Ponroy