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 « Je compte sur Zorro »

Christian Lacroix

 

« Christian Lacroix est reconnu, salué avec respect, il a une grande connivence avec un large public, pourquoi les financiers n’ont-ils jamais su capitaliser sur cette force pour transformer l’essai ? » interroge Béatrice Salmon, directrice générale de Christian Lacroix  dans un article du quotidien Le Monde daté du 7 juillet dernier et consacré à ce qui pourrait être le dernier défilé de Haute-Couture de Christian Lacroix.
Telle est précisément LA question, la véritable interrogation autour des difficultés de la Marque Christian Lacroix, quasiment depuis son lancement en 1987.
Celle-ci a bénéficié, depuis sa création, du soutien financier et opérationnel du Groupe LVMH et de l’implication personnelle de son PDG Bernard Arnault à qui l’on peut reconnaitre, en l’espèce, beaucoup de permanence, mais aussi onze PDG en vingt deux années d’exploitation, pas nécessairement tous des incapables !
A vouloir trop considérer la Haute-Couture comme de l’art, à mélanger abusivement leurs valeurs respectives, on en oublie l’essentiel : au-delà de l’imaginaire véhiculé et de sa formidable créativité, la Haute-Couture est d’abord un moteur, une mère nourricière, un vecteur d’image qui ne doit sa survie et sa pérennité que dans sa nécessaire mutation économique pour une véritable création de valeur.
Les métiers du luxe, passé le folklore intellectuel, ne sont pas de l’art mais de la création, du marketing, de la finance, de l’organisation et du commerce.
La vraie question concernant Lacroix est pourquoi cette mutation économique ne s’est pas réalisée ? Certes la liste est longue des créateurs de talent qui n’ont pas su « transformer l’essai » pour reprendre l’expression de Béatrice Salmon mais si Christian Lacroix « compte sur Zorro pour arriver avant la date fatidique » et si nul ne doute de son talent, lui et son organisation seraient bien inspirés de faire un véritable travail d’analyse rétrospectif et prospectif… Zorro en aura besoin.
Les marques de luxe, comme toutes les marques et peut être plus que les autres, sont mortelles et fragiles parce que, liées à l’imaginaire de l’instant, en perpétuelle renaissance. A croire en leur immortalité, ou à leur seul salut à travers le talent du créateur, on commet beaucoup de contresens. Le talent de création ne suffit pas, le talent économique non plus, la réussite passe par la complémentarité, la complicité, la compréhension et le respect de ces deux formes de talent.
Même Zorro n’aurait pas réussi sans Bernardo !  
                               

Thibault Ponroy