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 Questions sur une nouvelle légitimité

 

Réactions vives de Christine Boutin, et, plus inattendue, aussi de la part de Nicolas Sarkozy, quant a la première primaire socialiste organisée pour la désignation de leur candidat à la présidence de la République.
Selon ces derniers, une telle initiative serait contraire aux institutions de la Vème République.
Certes les statuts de l'UMP prévoient la possibilité de recourir au système des primaires pour le choix du ou de la  candidate à la présidence de la république et la tentation est assez forte de renvoyer N Sarkozy et C Boutin à leurs chères études.
Cependant force est de reconnaître que , en votant la réduction du mandat présidentiel à 5 ans, à l'instar de la majorité des démocraties occidentales, nous n'avions pas nécessairement anticipé l'impact sur les institutions, d'une part en définissant une durée égale pour les mandats présidentiel et ceux de l'assemblée nationale, mandats par ailleurs aujourd'hui concomitants, et, au-delà du mode de fonctionnement personnel de Nicolas Sarkozy, le nouveau dimensionnement de la fonction de Premier Ministre.
Par ailleurs, nous n'avons non plus pas encore expérimenté l'impossibilité du non renouvellement, à l'issue de deux fois 5 ans, du mandat présidentiel; particulièrement dans un pays comme la France où on préfère les joutes électorales aux débats de fond.
C'est pourquoi, s'agissant de la primaire organisée par le Parti Socialiste, on peut légitimement s'interroger si l'initiative d'une telle procédure de désignation entre dans le rôle des parties dévolues par la constitution de la Vème république et, son éventuel impact de légitimité sur un candidat investi par un corps électoral de 2,8 millions d'électeurs, dans une élection présidentielle par nature constitutive d'un lien particulier avec le peuple.
Je ne suis pas constitutionnaliste mais il me semble, de prime abord, que le parti socialiste est dans sa mission dévolue par la constitution en prenant l'initiative d'une telle procédure avec deux réserves, d'une part, celle de l'aspect censitaire du scrutin, quand bien même limité a un euro symbolique et, d'autre part, la déclaration de souscription aux valeurs de gauche dont je ne suis pas sûr qu'elles soient communément connues et constitutives d'une déclaration préalable à la participation à un scrutin réputé par ailleurs public.
Le système des primaires est il de nature a remettre en cause la nature du lien personnel entre un homme ou une femme et le peuple français, tel que l'avait souhaite le Général De Gaulle, comme l'ont soutenu les opposants à la primaire.
La encore trop tôt pour conclure mais deux remarques:  La première est qu'aucun(e) candidat(e) en France n'a pu jusqu'a présent accéder à la magistrature suprême sans le soutien ferme et résolu d'un parti structuré; on l'a vu en 2002 avec l'échec de la candidature d'Edouard Balladur. Ce lien particulier a pu se constituer a travers le soutien d'un parti, peu important la forme de l'investiture, et ne s'est finalement et définitivement tissé que lors de l'élection finale en émergeant au deuxième tour. La deuxième, c'est le risque de voir le jeu politicien biaiser la régularité d'une primaire et consacré un(e) candidat(e) non approprié(e).
La question de la légitimité m apparaît plus sérieuse.
Première fois dans l'histoire de notre république qu'un candidat à la magistrature suprême aura été choisi par un corps électoral de près de 3 millions de personnes, au-delà de sa structure partisane d'origine et , en dehors de l'élection présidentielle, plus qu'aucun autre élu en France.
La réponse appartient désormais à François Hollande de savoir ce qu'il fera de cette légitimité nouvelle et comment il va capitaliser le fait qu'il n'est désormais plus, qu'il le veuille ou non, un candidat normal.
Sa responsabilité est énorme et pas uniquement liée au fait qu'il sera, ou ne sera pas, finalement élu; elle est aussi "comportementale" et décisive dans l'évolution de nos institutions et , notamment, vers cette VIème république souhaitée par certains socialistes.

Thibault Ponroy