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 Le symbole de la fermeture de l'usine Peugeot à Aulnay

 

Beaucoup de réaction et d'émotion légitimes après l'annonce du plan de restructuration de PSA Peugeot Citroën, qui entraînera la suppression de 8000 emplois en France.
Le choc est brutal mais la nouvelle n'est cependant pas une surprise.
Elle repose le problème fondamental de la désindustrialisation de notre pays ainsi que la validité des aides de l'Etat, en tout cas de leurs opportunités et pertinences.
Sur le problème de la désindustrialisation de l'économie française, on se heurte à la même incompréhension et au refus d'affronter la réalité.
Pour la première fois le Président de la République, à l'occasion de l'inauguration cette semaine du dialogue social au Conseil Economique et Social, a posé la question fondamentale de la compétitivité économique de notre pays.
C'est LA question structurelle et vitale au delà de laquelle tout débat sur la croissance relève de l'exégèse sur le sexe des anges.
On peut douter de notre capacité à l'affronter dans un pays qui a une difficulté congénitale à aborder les difficultés frontalement, notamment quand une partie de la classe politique refuse encore d'admettre que les 35 heures n'ont jamais créées le moindre emploi et que chaque augmentation du Smic est destructrice d'emploi à faible qualification, accélérant le processus de délocalisation.
Ce n'est pas être anti-social que d'aborder cette question et de dire qu'il y a peut-être aussi d'autres façons de revaloriser les bas revenus qui posent bien évidemment des problèmes de précarité.
Quant au problème des aides conjoncturelles de soutien apportées par l'Etat on touche à la question de leur pertinence.
D'abord, je trouve pour le moins dérangeant de voir certains secteurs économiques faire systématiquement du chantage à l'emploi auprès des pouvoirs publics –car c'est de cela qu'il s'agit- dès que leur secteur est frappé, soit par des difficultés conjoncturelles que par des enjeux structurels.
C'est le cas de l'industrie automobile qui a été incroyablement subventionnée ces dernières années et qui sait que sa restructuration, alors qu'il s'agit d'entreprises à capitaux privés, sera financée par l'Etat.
Quelles sont les exigences et les contreparties  exigées par l'Etat ?
Le gouvernement Ayrault travaille à un nouveau plan d'aide à la filière automobile.
Comment se sont exercées sa vigilance et son contrôle ?
Pourquoi PSA est il passé à côté des enjeux essentiels de son industrie: celui de l'internationalisation, du low cost, de la voiture électrique…
Il n'est pas question de parler de nationalisation mais de vision industrielle.
Ces milliards n'auraient ils pas été plus utiles à soutenir des secteurs en croissance ou de nouveaux territoires économiques créateurs de valeur ajoutée .
Jamais le débat de la désindustrialisation de la France n'a été sérieusement abordée, autrement que sur un plan idéologique.
C'est peut-être un des mérites de l'alternance que de poser à ceux qui arrivent au pouvoir dans uns situation d'extrême fragilité économique et financière l'obligation de répondre à des enjeux essentiels autrement que par des faux semblants et des échappatoires.
Le voudront ils ? Le pourront ils ? On peut en douter après la suppression de l'avantage fiscale et sociale lié aux heures supplémentaires dictée par rien d'autres qu'une vision dogmatique et la vision chimérique que cette mesure sera créatrice d'emploi, autrement que marginale.


Thibault Ponroy