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 La mise en liquidation judiciaire de SeaFrance

 

SeaFrance, compagnie de transport maritime entre la France et l'Angleterre vient d'être déclarée en liquidation judiciaire par le Tribunal de Commerce de Paris.
Chacune des parties intervenantes rejette la responsabilité sur l'autre et le débat est maintenant pollué, d'une part, par un soutien gouvernemental tardif, manifestement électoraliste, envisagé sur un projet Scop de reprise par les salariés et, d'autre part, une mise en cause du comportement de la CFDT local.
Comment en est on arrivé la ?
- Une absence de vision - ou un refus d'assumer- sur l'évolution nécessaire d'un business model rendu plus difficile par la développement de la concurrence du transport humain et marchandises via le tunnel sous la Manche inauguré il y a maintenant près de 2O ans!
- Une paix sociale achetée par une Direction locale, paralysant ainsi toute évolution du business model mais un actionnaire, la SNCF, en l'espèce complaisant et l'actionnaire de l'actionnaire, l'Etat, tout aussi absent.
- Un comportement semblerait il manifestement inapproprié des structures CFDT locales, dénoncé dès 2009 par un rapport de la Cour des Comptes et la presse régionale (paradoxalement condamnée pour diffamation à l'époque), mais une structure syndicale nationale CFDT longtemps complaisante.
- Des salariés (1100) qui ont aussi leur part de responsabilité dans cet autisme collectif et le maintien des freins à l'évolution, notamment syndicaux, car il s'agissait principalement de la préservation de leur outil de travail.
Mais plus qu'un autisme collectif, c'est un formidable gâchis à la française qui met en jeu tellement d'acteurs qu'il permet ainsi la dilution de responsabilité et le déni de réalité.
C'est une vraie spécificité française que de ne pas vouloir anticiper l'évolution des différents modèles qui façonnent notre société; qu'ils soient économiques, sociaux, financiers...nous partageons une paralysie nationale à envisager et gérer leur mutation et c'est trop facile d'en rejeter la responsabilité sur les seuls politiques.
Cette situation est aussi un facteur aggravant d'un chômage structurel français (à ce jour 14,5% vs 10,2% de moyenne européenne)lié en partie à un retard quasi permanent d'adaptation aux mutations technologiques et concurrentielles.
Bien évidemment nous ne tirerons aucune leçon des conséquences de la liquidation de SeaFrance et il est à craindre que dans les mois à venir de telles situations se reproduisent mais, finalement peu importe, puisque personne n'est responsable.

Thibault Ponroy