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 Heureusement il neige

 

Trois flocons de neige et voilà la France en émoi, occupant média et conversations ces deux derniers jours;c'est vrai que de la neige en décembre relève d'un évènement quasi surnaturel !
Cet évènement climatique aura très provisoirement éclipsé le dossier Florange.
Dans cette séquence météo, les commentaires tenus par Jacques Attali à propos de Florange sur BFM TV mercredi dernier sont passés quasi inaperçus.
"Florange, ça n’a aucune importance. Il y a 50.000 chômeurs de plus tous les mois.  Ces gens [les salariés de Florange] ne sont pas du tout menacés, ni par le chômage, ni par quoi que ce  soit. Tout le monde sait que les hauts fourneaux ne redémarront pas.Tout le monde sait que la sidérurgie, quand on la regarde globalement, n’a un avenir que sur les ports. Cela ne peut plus être là, tout le monde le sait depuis longtemps. C’est fini", a-t-il conclu.
Tout est dit, personne ne réagit.
La vérité est là, crue, brutale, simple , sans fard avec une évidence que personne ne veut entendre.
C'est l'avantage des intellectuels, ils peuvent s exprimer en toute liberté  et c'est le talent de Jacques Attali d'être à la fois un intellectuel et un économiste qui maîtrise parfaitement les mécanismes compliquées du capitalisme mondial.
Le problème de la classe politique c'est qu'elle ne peut pas officiellement douter ; elle est prisonnière de ses dogmes, de l'émotion collective et de son électorat.
Florange est un formidable exemple de gâchis politique et de détresse sociale.
Et pourtant les enjeux sont ailleurs, dans la structuration des enjeux à venir.
Le problème n'est pas tant dans la disparition de certaines technologies, c'est l'histoire du monde que le capitalisme a accéléré depuis la révolution industrielle, mais dans la capacité à développer les technologies et les industries de demain.
Comparer les nationalisations temporaires réalisées dans l automobile par Obama et le projet d'Arnaud Montebourg est un contresens.
Les unes avaient été réalisées pour restructurer les secteurs automobile et assurance en péril, l'autre avait pour ambition de geler une situation qui n'a pas d'avenir.
La mission de la politique c'est d'accompagner et d'amortir les mutations sociales, ce que la France fait plutôt bien.
Sa faiblesse c'est de sur investir sur cette protection au détriment de la formation et de l'invention des technologies de demain.
Sa faiblesse est aussi sa faible anticipation de ces mêmes mutations et le rejet de la globalisation en cours.
Florange c'est exactement cela.
Bien évidemment il faut socialement accompagner cette mutation mais l énergie dépensée sur les mauvais objectifs détournent ressources humaines et financieres des vrais enjeux et donnent des signaux contradictoires à ceux en détresse et qui seront nécessairement trahis.
Et une nouvelle fois l'agitation entretenue et partagée par les acteurs aura masqué le vrai débat, celui sur la viabilité du site de Florange.


Thibault Ponroy