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 Le grand retour du bouc émissaire !

 

Enfin du concret, quelque chose de tangible et de connu à se mettre sous la dent dans ce monde qui nous échappe depuis plusieurs mois : crise financière, crise morale, crise écologique et maintenant crise économique et sociale. Tous nos repères et ceux de nos élites dirigeantes (celles qui devraient anticiper) nous font défauts et les atermoiements et les hésitations de certains ou le volontarisme à marche forcée d’autres, démontrent dans quel désarroi nous sommes plongés. Tous ces indices devraient à tous les échelons de la société et quelque soit notre niveau d’action nous inciter à la prudence, à la réflexion, à l’analyse et au sens de la mesure. Alors que personne ne peut plus prédire ce que sera demain, les jugements à l’emporte pièce, simplistes  qui opposent sont légions . En effet, depuis quelques semaines, on assiste en France toujours en mal de copie pour une  fois non critique des Etats Unis à une orchestration générale qui vise à diaboliser les entrepreneurs, petits ou grands patrons en opposant selon une dialectique bien rodée les revenus du capital à ceux du travail. La bonne recette du bouc émissaire fait des émules. Faut il rappeler une notion élémentaire que sans capital, il n’y a pas d’outil de production et donc pas de travail. Tout y passe dans un melting pot de notions souvent complexes (bonus, stock option, part variable...) mais constamment amalgamées dans une optique de simplification à l’extrême pour obtenir une émotion maximale qui éloigne de la réalité. Bien sur des abus ont été commis et notre pays souffre cruellement d’un manque de redistribution malgré un taux d’imposition global (fiscal et social) le plus élevé du monde. Le gouvernement aurait été bien inspiré en conditionnant ses aides publiques aux banques à un comportement moral et financier exemplaire des ses dirigeants et cela à fortiori. Les rappels à l’ordre de nos dirigeants arrivent bien tard et le rattrapage d’un manque d’anticipation  en plus d’être laborieux est dévastateur pour la cohésion du tissu social. Faut il aussi ne pas omettre que des abus existent aussi dans les rangs des classes productives du secteur public ou privé où la France arrive dans le peloton de tête de l’absentéisme dans les entreprises ou dans les administrations. Bien que le taux de productivité soit un des meilleurs du monde, ces dysfonctionnements pénalisent les grands équilibres, notamment budgétaires. Ces deux exemples pris au hasard montrent l’impérieuse nécessité de changer bien des choses et cela en profondeur aussi bien sur nos rapports  au capital et plus généralement à l’argent mais aussi à notre relation au travail et surtout à la responsabilité collective de chacun d’entres nous. La France  a un avantage considérable par rapport aux autres pays. Elle a réussi, depuis l’après guerre, à concilier tant bien que mal justice sociale et développement économique. Quel serait l’état de la France si notre système social n’amortissait pas les effets catastrophiques de la crise économique. Nos gouvernants mais aussi l’ensemble des acteurs politiques et sociaux de notre pays auraient tout intérêt à s’inspirer de leurs prédécesseurs adeptes de cette troisième voie à la française loin du libéralisme débridé ou du socialisme autoritaire. C’est ensemble, et dans une confrontation positive que le défi lancé par cette crise sans équivalent  pourra déboucher sur une nouvelle société, plus juste, plus équitable, plus responsable et surtout moins caricaturale. Société où la tentation de résoudre les crises en ayant recours au bouc émissaire aura disparu car l’histoire nous a montré à maintes reprises que ce genre de pratiques à courtes vues et démagogiques sont à l’origine de catastrophes beaucoup plus graves que les faits qui leurs ont donnés naissance.


 
David Nitlich