La période est prompte à la dénonciation.
Certes certains dirigeants d’entreprise, mais aussi conseils d’administration et assemblées générales, demeurent autistes et continuent à distribuer bonus et/ou stock options, qui ne correspondent pas toujours à la performance de l’entreprise dont ils ont la responsabilité et, pour certaines d’entre elles, ont bénéficié de financements publics.
Bien évidement ces dérives sont choquantes et témoignent de ce que certains, malgré la gravité et la profondeur de la crise économique, financière et sociale, n’ont pas voulu comprendre, du moins en ce qui les concernent, l’importance morale et éthique des enjeux.
Constat toujours douloureux mais pas nouveau ; la cupidité et l’égoïsme sont des valeurs pérennes !
Cependant je ne peux m’empêcher d’être assez mal à l’aise dans cette période et ne vouloir me joindre au concert unanime des dénonciations, dont certaines flirtent avec la démagogie, voire le populisme.
N’oublions pas :
-l’absence d’anticipation des pouvoirs publics, au moins dans ce domaine, dans la définition des critères d’attribution de financements ou cautionnements publics ;
-la remise en cause de conventions librement consenties entre des salariés et/ ou des mandataires sociaux avec leurs employeurs et/ou conseils d’administration (rappelons qu’en droit français ces conventions licites en droit, ont force de loi) ;
-même si la permanence de ces pratiques est effectivement choquante au regard de la morale, leur faible nombre et la faiblesse des sommes en jeu par rapport aux énormes montants investis dans le soutien des économies ;
-n’en déplaise à la démagogie ambiante, certains bonus sont justifiés et méritaient être payés ;
-l’absence de vision sociétale et économique moyen terme de l’ensemble des acteurs;
-la crainte que cette dénonciation collective tienne lieu de réflexion ;
-une nouvelle fois le règne de l’émotion et déjà on parle de légiférer !
-le risque d’amalgame et de confusion pour l’ensemble du périmètre de l’entreprise.
Thibault Ponroy