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 Ce n'était pas la France

 

François Hollande, lors des cérémonies de commémoration du 70 ème anniversaire de la rafle du "Vel d'hiv", est allé plus loin que Jacques Chirac en reconnaissant la responsabilité de la France dans la déportation de plus de 13.000,juifs,dont près de 4200 enfants, à Paris les 16 et 17 juillet 1942.
Charles De Gaulle et François Mitterrand avaient, pour des raisons différentes , notamment de réconciliation nationale post-guerre, décliné la responsabilité de l'Etat Francais en déclarant  illégitime le régime de Vichy et considérant que la continuité de l'Etat avait été assurée par la France libre, établie dès juin 1940 à Londres.
C'est manifestement une question encore sensible qui agite nos vieux démons et démontre une nouvelle fois la difficulté française à aborder sereinement les questions collectivement sensibles, y compris plus de 70 ans après.
De même que la notion romantique gaullienne du transfert de la légitimité de l'Etat de Vichy à Londres est contestable au regard de l'analyse historique, notamment en raison de l investiture des pleins pouvoirs faite au Maréchal Pétain par le parlement français le 10 juillet 1940, celle de la responsabilité de La France dans la rafle du "Vel d'hiv", l'est tout autant.
Cette dernière analyse nie partiellement le fait que la continuité de la France a aussi été incarnée, dès le 18 juin 1940, par les français de Londres et ceux de la résistance intérieure.
Oui l'Etat français est responsable de la déportation des juifs arrêtés lors des rafles à Paris des 16 et 17 juillet 1942 , et oui ces rafles ont été effectuées par les seuls fonctionnaires français, plus de 9000 policiers ayant été mobilisés.
Oui, seule une infime partie des français s'était opposé à l'occupant nazi dès juin 1940, soit en rejoignant les français libres de Londres, soit dans la résistance intérieure.
La Françe, à ce moment de son histoire, a été plurielle et la formule de Jacques Chirac reconnaissant la responsabilité de l'Etat français est la plus appropriée historiquement.
Je crains que celle de François Hollande ne soit trop dogmatique et que trop de sincérité nuise à la compréhension des sentiments et comportements humains de cette période par les jeunes générations.
Simone Veil, à l'époque administrateur de l'ORTF s'était opposée en 1969 à la diffusion à la télévision du film "le chagrin et la pitié" de Max Ophüls, première plongée dans la mémoire collective française sur la période de l'occupation allemande durant la deuxième guerre mondiale, en lui reprochant son côté trop manichéen.
L'histoire est complexe, Jacques Chirac avait très correctement éclairé celle du crime perpétrée pat l'Etat français en juillet 1942, François Hollande, dans cet exercice inutile de repentance, l'a inutilement compliqué.


Thibault Ponroy