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 Le curé, l’avocat et le trader

 

L’épilogue de l’affaire Kerviel de ce mois  de mai me fait  penser au film de Sergio Leone « le bon, la brute et le truand ». La comparaison s’arrête là, car l’un est un divertissement plutôt réussi et l’autre une mauvaise et dangereuse trilogie pour la démocratie et les institutions républicaines. Jérôme Kerviel, bouc émissaire ou pas, a été un acteur et un rouage  de ces années folles de la finance qui nous ont conduit à cette crise majeure dont on a failli ne pas se relever. Le repentir est louable mais de grâce certainement pas dans cette mascarade médiatique. Que Jérôme Kerviel entame une marche pour réfléchir  partait certainement d’un besoin introspectif intempestif  mais avait il  besoin pour cela des caméras ? Ce tapage politico médiatique ridicule a certainement été un dopant pour ce trader habitué à être vissé sur son siège, les yeux rivés sur les cours de bourse. Ce qui est dommage c’est que la mise en scène de cette marche lui retire toute sincérité et met en doute la véracité de sa repentance qui apparaît comme un système de défense plus qu’un acte de contrition. Pour rappel, Jérôme Kerviel a été jugé par trois fois (premier instance, appel, cassation) et finalement condamné à de la prison ferme et une amende record qui soit dit en passant, n’a aucun sens. David Koubbi, son avocat, bien médiatique lui aussi, serait bien inspiré de s’interroger sur ses qualités de défenseur plutôt que d’en appeler au président de la République par l’intermédiaire de son client, violent ainsi, un des principes fondateur de notre République, la séparation du pouvoir exécutif et judiciaire. Il ne manquait plus que l’église pour voler au secours de ce fils égaré, victime des tentations du veau d’or ! Une soi disante rencontre avec le Pape François et le père Gourrier comme confesseur et accompagnateur (bien médiatique lui aussi) ont tenté de nous faire croire un instant que seule la justice divine n’a de valeur, balayant la aussi un de nos grands principes républicains qui celui de la séparation de l’église et de l’état. Messieurs, je devrais  dire, Maitre et mon Père, amoureux des médias, restez dans vos rôles, défendez vos clients pour l’un, confessez leurs âmes pour l’autre et cessez au nom d’une cause  (de plus jugée) d’attaquer en creux nos institutions. D’autres bien plus dangereux que vous s’en chargent déjà.


David Nitlich