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 Indignez-vous !

 

Comment “résister” devant l’engouement pour ce petit ouvrage de Stéphane Hessel? Edité à 8000 exemplaires par une jeune maison d’édition du sud de la France, les ventes dépassent aujourd’hui 600.000 exemplaires. Outre son prix (3 euros) et son faible nombre de pages (une trentaine), comment expliquer, même en période de crise et de fêtes de fin d’année , cet incroyable succès? Il faut dire que l’histoire est belle et le casting parfait...Stéphane Hessel à l’aube de sa vie (93 ans), ancien résistant, a rejoint de Gaulle à Londres en mars 1941, a participé activement au CNR (Conseil National de la Résistance), a été arrêté par la Gestapo en juillet 1944 sur dénonciation, a été torturé puis déporté a Buchenwald dont il s’échappera. Très vite repris , il est interné au camp de Dora où il réussira encore à s’évader et finira par rejoindre Paris. Il deviendra diplomate en 1946 et participera aux côtes de René Cassin à l’élaboration de la Déclaration Universelle des Droits de l ‘Homme. Il sera de tous les combats de la décolonisation et devient en 1977 ambassadeur auprès des Nations Unis à Genève. Il va devoir sa consécration à l’arrivée de François Mitterrand en 1981 et fait de lui une référence dans la coopération multilatérale. Il adhère au Parti socialiste en 1995 après l’élection de Jacques Chirac qu’il considère comme une “imprudence” des Français...A la retraite mais disposant toujours d’un passeport diplomatique, il se rend de nombreuses fois en Palestine et à Gaza dont il défendra la cause sans nuance car en tant que défenseur infatigable des droits de l’homme, il se “situe toujours du côté des dissidents”.. En dépit de la conclusion : “créer, c’est résister ; résister, c’est créer” qui devrait séduire l’humaniste rebelle qui sommeille en moi et malgré la pression ambiante, je n’adhère pas à ce beau projet...et surtout à la démonstration raccourcie qui est faite et qui nous appelle à la résistance : “le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et de nos sœurs de la Résistance et des Nations Unis contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n’a pas totalement disparu et notre colère contre l’injustice est toujours intacte” Cette déclaration faite le 8 mars 2004 à l’occasion du soixantième anniversaire du Programme de CNR conclut ce petit ouvrage qui n’a de cesse d’attaquer les différents gouvernements de la Cinquième République (excepté les gouvernements de gauche peut être) en les accusant d’être les pourfendeurs du socle républicain dont les fonds baptismaux reposeraient sur le Programme du CNR. Tout y passe, la menace sur la sécurité sociale, l’indépendance de la presse, la discrimination éducative, le pouvoir de l’argent et la dictature internationale des marché financiers, la communication de masse, le désastre écologique, le racisme...Je suis effaré pour ne pas dire “indigné”au regard du parcours exemplaire de cet homme de sa faiblesse d’analyse du monde d’aujourd’hui. Et oui le monde a profondément changé depuis 1945. Les difficultés notamment de la France nous montrent, comment nos dirigeants de droite comme de gauche, fondamentalement héritiers des valeurs du CNR, se battent pour concilier cet héritage alors que la mondialisation s’accélère chaque jour un peu plus. Oui cette dernière déconcerte les peuples mais aussi les dirigeants et défie notre modèle français. “Indignez Vous” appelle les jeunes générations à plus d’engagement (politique), - à plus d’esprit critique, qui pourrait être contre? Une suggestion peut être : devant la complexité du monde, les combats idéologiques sont à proscrire car ceux là, on sait où ils nous conduisent...



David Nitlich