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 Jean Echenoz ou l'art du portrait: Ravel aux Éditions de Minuit

 

Jean Echenoz nous avait déjà séduit d'un aspirant portrait  de Jérôme Lindon et d'un autre, d'une veine différente mais attachante, de Emil Zàtopeck.
Je viens de finir de lire celui qu'il a consacré,en 2008, à Maurice Ravel.
Le premier sentiment de lecture ressemble un peu à un vide simplement  narratif; il manque l'emotion du Jérôme Lindon et la tendresse du Zàpotek.
Puis apparaît la brutalité du vingtième siècle.
D'abord celle de sa première guerre.
Le rappel que Ravel fut d'abord  un enfant de son siècle, comme le furent Fernand Léger et Paul Morand, tous trois enfants d'une époque mécanique,industrielle, celle de la vitesse.
Le Boléro , son œuvre la plus populaire, c'est l'évocation du travail à la chaine, la violence industrielle.
Ce "dédale 39" qu'il qualifiera d'avion en ut auprès de Manuel De Falla.
Lorsqu on demandera à Ravel quelle est sa création préférée  il répondra "Le Boléro bien sûr, mais il est vide de musique" ce qui ne l'empêchera pas de répondre à Wittgenstein commanditaire et premier interprète de son concerto pour la main gauche et qui s'etait cru autorisé à prendre quelques libertés avec la partition originale , de rajouter des bruits inutiles à l'élégance spontanée de Ravel , " les interprètes sont des esclaves".
Puis vinrent les années en route vers l'illisibile jusqu'à la perte du toucher et l'enfermement intérieur.
La conscience de l'inconscience que tout reste cependant à écrire "Je n'ai rien écrit, je n'ai rien dit de ce que je voulais dire".
Jusqu'à sa mort, tout créateur ne vaut que par son œuvre à venir.


Thibault Ponroy