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 Momumenta 2010,

Christian Boltanski entre rien et personnes.

 

Alors que l’exposition de Christian Boltanski s’achève au Grand Palais, lieu toujours aussi magnifique voir magnifiant des oeuvres présentées, je continue à m’interroger sur son contenu et son message. Au delà de la pauvreté plastique et d’une mise en scène un peu grandguignolesque : des vêtements entassés ou jetés à même le sol dans des carrés, une grue le plus souvent en panne , symbolisant la main de dieu choisissant au hasard... des enceintes diffusant des battements de coeur et tout cela dans une ambiance glaciale (l’artiste a donné des consignes : surtout ne pas chauffer afin que le visiteur éprouve vraiment l’oeuvre). A pour une épreuve, cela en est une!  On cherche, on se documente sur le travail de Boltanski, on agrège des idées, on essaye de se raccrocher à une émotion, une réminiscence, une idée, un malaise...mais rien, voir pas grand chose. On vous dira que cette exposition est une “expérience pour le visiteur”, que le “spectateur doit s’immerger dans l’oeuvre”. Ce qui est troublant c’est que la même sémantique est employée en marketing : le consommateur doit vivre une expérience (le marketing expérientiel), il doit être acteur, participer, vivre une émotion...Le fin du fin c’est que l’artiste a souhaité que chaque élément qui constitue son oeuvre soit recyclé (ne surtout pas louper  la nouvelle vague verte), la grue repartira sur son chantier, les vêtements seront recyclés ou je l’espère distribués aux plus nécessiteux, les portiques métalliques refondus, mais que deviendront les battements de coeurs? Sont ils recyclables? Mon sentiment, c’est que cette exposition est une énorme imposture,  un agrégat de jeux de mots faciles (cf son titre), de métaphores simplistes, de réminiscences historiques peu respectueuses..Evidemment, le sujet traité est la mort, le hasard de la destinée, la loi de dieu, les massacres de masse...la mémoire. Mais sort on de cette débauche de moyens plus riches spirituellement, nourris d’une vision transcendantale d’un artiste engagé?, ressort t’on de cette expérience avec un autre regard sur le monde et sur les tragédies qu’il charrie, malheureusement pas. Il n’en reste rien (même matériellement, tout est recyclé) et cela pour tout le monde, donc pour personnes.


David Nitlich